L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à 5 ans de prison en Algérie, ne bénéficiera pas de la grâce présidentielle. Une exclusion qui choque Paris et suscite une onde de colère. Retour sur une affaire explosive.
Boualem Sansal écarté de la grâce présidentielle : un choc franco-algérien
Le couperet est tombé. À 80 ans, atteint d’un cancer, Boualem Sansal restera en prison. Alors que 6 500 détenus ont bénéficié de la grâce présidentielle d’Abdelmadjid Tebboune à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance algérienne, l’écrivain franco-algérien, lui, en est exclu. La sentence de cinq ans de prison ferme prononcée en appel pour « atteinte à l’unité nationale » devient donc définitive : Sansal a renoncé à tout recours en cassation.
L’écrivain est incarcéré depuis sept mois après des propos controversés tenus en octobre 2024 dans le média français Frontière, classé à l’extrême droite. Il y affirmait que certains territoires algériens « appartenaient auparavant au Maroc » avant la colonisation française. Un discours qui a déclenché la foudre judiciaire en Algérie.
Un silence judiciaire qui scandalise Paris
Du côté français, l’annonce est perçue comme un affront diplomatique. Le Quai d’Orsay n’a pas mâché ses mots. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a dénoncé une décision « incompréhensible et injustifiée ». La France avait discrètement espéré une mesure de clémence, au nom de l’âge, de l’état de santé de Sansal et de sa renommée littéraire.
Mais Alger reste inflexible. Ni l’indignation internationale, ni les appels à une « grâce humanitaire » n’ont ébranlé le pouvoir. Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à l’écrivain, l’a confirmé : « Il ne fera pas de pourvoi. La condamnation est donc définitive. »
Liberté d’expression muselée ou justice nationale affirmée ?
Ce refus de grâce relance le débat brûlant sur la liberté d’expression en Algérie. Pour les autorités, il ne s’agit pas de censure mais d’un acte de souveraineté face à des propos jugés dangereux pour l’unité nationale. Pour les partisans de Sansal, c’est un signal inquiétant sur l’état des libertés dans le pays.
La communauté intellectuelle, elle, reste sous le choc. À Paris, plusieurs voix appellent à intensifier la pression diplomatique. D’autres s’interrogent : cette condamnation est-elle le début d’un tournant autoritaire plus large ? L’Algérie vient-elle d’envoyer un message politique fort à travers le cas Boualem Sansal ?