Acteur clé de la révolution algérienne et témoin des crises politiques post-indépendance, Tahar Zbiri, dernier colonel des Aurès, est décédé le 30 octobre, laissant derrière lui une vie marquée par la bravoure et l’engagement.
Tahar Zbir, Un parcours héroïque au cœur de la guerre de Libération
Tahar Zbiri, figure légendaire de la révolution algérienne, s’est éteint à l’âge de 95 ans. Né en 1929 à Souk Ahras, il rejoint très jeune le mouvement nationaliste, militant au sein du PPA-MTLD et de la CGT. Dès le déclenchement de la guerre d’indépendance en 1954, il s’engage dans la lutte armée dans les Aurès, région stratégique pour la révolution. Capturé et condamné à mort, il parvient à s’évader avec Mustapha Benboulaid, chef de la wilaya I historique. Au fil des années, Zbiri gravira les échelons pour devenir colonel et commandant de cette wilaya en 1961, jouant un rôle crucial jusqu’à l’indépendance en 1962.
Son nom est également lié à la crise de l’été 1962, lorsqu’il soutient l’armée des frontières contre le GPRA. Par la suite, il devient le premier chef d’état-major de l’armée nationale populaire (ANP), guidant le pays dans ses premières années d’indépendance.
Une vie entre politique et rébellion
Après l’indépendance, Zbiri marque une étape décisive en participant au coup d’État de 1965 qui destitue le président Ben Bella et installe Houari Boumediene au pouvoir. En 1967, il tente un second coup d’État contre Boumediene, qu’il accuse de favoriser l’armée des frontières, mais échoue et s’exile en Tunisie. Condamné à mort par le tribunal d’Oran en 1968, Zbiri se rapproche alors de figures comme Hocine Ait Ahmed et Mohamed Boudiaf.
De retour en Algérie en 1979, Zbiri continue à jouer un rôle politique en signant en 1980 une pétition pour la démocratie. En 2016, l’ex-président Bouteflika le nomme sénateur, reconnaissant ainsi son apport inestimable à l’histoire algérienne.